mardi, novembre 11, 2008
11 novembre, je me souviens
Plus j'avance en âge, plus je pense à ces générations sacrifiées qui nous ont précédés, et dont si peu nous reste.
Je ne sais presque rien de mon arrière-grand-père Toréton, si ce n'est qu'il était épicier dans un petit village normand, qu'il avait 54 chemises, une pour chaque semaine de l'année. J'ai même oublié son prénom, un prénom bien de l'époque. Lui et mon arrière-grand-mère eurent trois enfants, ma grand-mère Yvonne née en 1911, son frère Fernand, et un autre enfant, mort bébé d'une méningite, dont restait une photographie, prise alors qu'il n'était plus et qu'il semblait dormir.
De mon père qui parle si peu, j'ai appris ce détail sans doute trop atroce pour avoir été révélé avant: dans sa dernière lettre du front, mon arrière-grand-père écrivait: "c'est la fin. On nous a distribué des baillonnettes et je sais que jamais je ne pourrais en enfoncer une dans le ventre d'un homme". Ce furent les dernières nouvelles que sa femme eut de lui, son corps ne fut jamais retrouvé. En pensant à cet homme qui ne pouvait concevoir de tuer même pour sauver sa vie, à la boucherie que sont les guerres, j'en pleure.
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